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Conflit armé : février 2008 au Tchad, récapitulatif des dix moments déterminants de la bataille de N'Djamena.

Dernière mise à jour : 25 févr.

Troupes gouvernementales tchadiennes
Troupes gouvernementales tchadiennes

L'affrontement à N'Djaména en février 2008, dans la capitale du Tchad, représente une étape significative qui a marqué l'esprit des Tchadiens dans l'histoire du Tchad. Ce conflit, qui a éclaté en février 2008, s'est distingué par son intensité, sa violence et a engendré des répercussions politiques et humanitaires notables. Dans cet article, nous examinerons dix instants majeurs de cette bataille.


  1. L'évolution de l'offensive rebelle en direction de N'Djamena.

À partir du 31 janvier 2008, l'avancée des rebelles tchadiens vers N'Djamena, la capitale, s'effectue sans rencontrer de résistance. Les rebelles semblent être bien renseignés en évitant les fortifications des troupes tchadiennes stationnées à l'est, au centre du pays. Les forces gouvernementales tchadiennes échouent à stopper leur progression. Certains camps militaires, faiblement fortifiés, sont systématiquement pris par les rebelles, qui s'emparent des armes et des munitions.


Il s'agit d'une colonne de rebelles, d'environ 300 véhicules de type pick-up, qui a traversé l'est du pays en contournant certains points de contrôle de l'armée, atteignant finalement N'Djamena. Idriss Déby Itno, président du Tchad à l'époque, a convoqué son cabinet de sécurité ainsi que les ministres responsables des forces armées afin de planifier une riposte efficace pour défaire ces insurgés qui s'avancent dangereusement N’Djaména où se trouve le pouvoir en février 2008. L'une des étapes clés de cette confrontation fut sans conteste l'avancée rapide et imprévue des rebelles.


Armée tchadienne a défait les rebelles
Armée tchadienne

En provenance de l'est du Tchad, les rebelles ont parcouru de vastes zones désertiques afin de rejoindre les environs de la capitale. Ils ont surpris ainsi le gouvernement tchadien ainsi que les observateurs internationaux par la rapidité et la détermination de leur avancée. La force EUFOR installée à l'époque à Abeché n'a rien fait pour empêcher la progression des rebelles. Le moment critique s'est produit lors de l'affrontement près de Massaguet, où des hélicoptères, des chars et d'autres pièces d'artillerie lourde ont été déployés.


Bien que l'armée affirme avoir repris le contrôle et mis en déroute les rebelles, le porte-parole de ces derniers déclare que leur mouvement a pris l'avantage et que les forces militaires peinent à les maîtriser. Les rebelles opèrent désormais dans les environs de N'Djamena, la capitale du Tchad, incitant de plus en plus de civils à fuir vers le sud.


  1. La préparation des mesures de protection de la Ville.

Confrontée à la menace d'une attaque imminente visant N'Djaména, l'armée nationale du Tchad, dirigée par Idriss Déby Itno, met en place une stratégie de riposte. Le président enfile son uniforme de combat, alors que des chars entourent les zones sensibles de la présidence. Les soldats lourdement équipés portent des brassards rouges pour se distinguer et prévenir toute confusion lors des opérations. Toutes les fréquences radios sont contrôlées. La plupart des pick-up, chars et autres véhicules blindés de l'armée sont équipés des systèmes de communication et de brouilleurs de communications ennemis.


Parallèlement, on constate la présence d'officiers français sur place. Selon les témoignages des résidents vivant près du palais présidentiel, des barricades comprenant des chars et divers matériels lourds ont été érigées. De plus, les voies principales de la ville ont fait l'objet de renforts. Dans ce contexte, les forces armées tchadiennes, en collaboration avec leurs alliés, se sont mobilisées en vue d'un affrontement direct pour préserver les sites stratégiques et sensibles de la capitale N'Djaména.


3. Les premiers moments de confrontation

Le 1ᵉʳ février 2008 a marqué le début des affrontements. Les rebelles sont presque parvenus aux portes de N'Djamena. Les premières confrontations entre les forces rebelles et le gouvernement ont été caractérisées par une violence extrême, d’abord à Massaguet, puis aux faubourgs de la capitale tchadienne. Les combats sont extrêmement violents. Idriss Déby Itno reste imperturbable, des hélicoptères font des va-et-vient et détruisent systématiquement tout véhicule rebelle ou suspect. La lutte a principalement eu lieu autour des points d'entrée de N'Djamena, où les deux forces ont engagé des tirs d'artillerie lourde, ce qui a alarmé les résidents de la capitale.


4. L'intervention de l'Armée française

Idriss Déby Itno, le président du Tchad de l'époque, est formel et exige de l’armée française des renseignements aériens. Les téléphones sonnent entre Paris et N’Djaména, qui obtient et est satisfait de sa demande. Dans cette situation chaotique, l’armée française, déployée dans le pays selon un accord de coopération militaire, a assumé une fonction essentielle. D'abord évacuer ses ressortissants et assurer la protection de ses sites stratégiques, sans oublier l'aéroport militaire. Malgré son absence sur le terrain des combats, sa présence a eu un effet dissuasif, évitant une escalade supplémentaire du conflit et sécurisant des zones ainsi que des installations vitales.


5. Les négociations de cessez-le-feu

Alors que la violence des combats atteint son paroxysme autour du palais présidentiel, les cadavres s’amoncellent dans les rues environnantes. Dans les zones commerciales d'Airtel et Tigo, des unités d'infanterie lourde s'attaquent à des rebelles, détruisant leurs pick-up armés de mitrailleuses. Idriss Déby Itno, en véritable stratège militaire, demeure inflexible face à la crise. Les rebelles, cherchant désespérément à s'emparer des médias nationaux, se heurtent à la détermination de l'armée, tandis que des hélicoptères visent les colonnes ennemies qui tentent de contrôler la station de radio nationale au quartier de Sabangali.


Un élément des forces spéciales
Un élément des forces spéciales

En parallèle des combats, des initiatives de médiation internationale ont été mises en œuvre afin de parvenir à un cessez-le-feu.


6. L'impact sur les civils

De nombreux civils tentant de quitter N'Djamena ont été pris pour des rebelles et ont perdu la vie. Ibni Oumar Mahamat Saleh, mathématicien et opposant au président Idriss Déby Itno, a été enlevé par des hommes armés à son domicile, manifestement liés aux forces gouvernementales. Par ailleurs, la traversée du pont d'Abéna connaît une forte affluence.


Certaines femmes n'ayant pas réussi à surveiller leurs enfants ont constaté avec désespoir que ceux-ci étaient tombés à l'eau. La situation est devenue chaotique. Un autre aspect crucial de ce conflit a été les conséquences dévastatrices sur la population civile. De nombreux résidents de N'Djamena ont été contraints de quitter leur domicile pour échapper aux affrontements, engendrant une crise de réfugiés internes vers le sud de la capitale ainsi qu'à Koussérie, ville frontalière du Cameroun. Les infrastructures civiles, notamment les hôpitaux et les établissements scolaires, ont subi plus ou moins des dommages considérables.


7. Les efforts humanitaires

En réponse à la crise humanitaire, des organisations internationales telles que le CICR, la Croix-Rouge et Médecins sans frontières, ainsi que d'autres ONG présentes sur le terrain, ont considérablement renforcé leurs actions pour apporter une aide d'urgence aux blessés et aux personnes déplacées. Ces interventions se sont révélées essentielles pour atténuer les souffrances des populations touchées.


8. La bataille de l'aéroport

L'aéroport de N'Djamena, un site stratégique pour le contrôle urbain, a été le lieu de l'un des affrontements les plus déterminants. Mais les rebelles échouent à nouveau. La prise de cette infrastructure essentielle a donné aux forces gouvernementales tchadiennes, la possibilité de sécuriser un point d'entrée clé dans la ville, facilitant ainsi l'arrivée d'aides et de renforts.


9. Le repli des groupes rebelles

Après des combats intenses les deux et trois février, les forces rebelles, réalisant l'impossibilité d'un contrôle total sur la ville face à la résistance déterminée de l'armée tchadienne dont la puissance de feu dépasse des ennemis et aux pressions internationales croissantes, ont décidé de se retirer. Ce moment a marqué un tournant stratégique dans le conflit, signalant le début d'une phase de désescalade.


10. La reconstruction et les efforts de réconciliation

À la suite de la cessation des affrontements, le gouvernement tchadien, en collaboration avec des partenaires internationaux, a mis en place un important programme de réhabilitation des infrastructures endommagées. Ceux qui avaient été impliqués dans le conflit dont certains membres des rebelles ont été jugés. Cette lutte, essentiellement concentrée sur la ville capitale, a malheureusement eu des répercussions à l’échelle nationale et dans les régions voisines.


Pour conclure, la bataille de N'Djamena les 2 et 3 février 2008 illustre les complexités des conflits en Afrique, intégrant à la fois des dynamiques locales intenses et des enjeux géopolitiques de plus grande envergure. Les enseignements tirés de ces dix instants clés continuent à influencer les orientations de la politique interne au Tchad et les plans de sécurité régionale dans le Sahel.


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