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Tchad: la répression du 20 octobre 2022 dans le sang.

Dernière mise à jour : 7 avr. 2024


Le Groupement Mobile de la police (GMIP)
Le Groupement Mobile de la police au rond-point Chagoua (GMIP)

Jamais le pouvoir en place n'a réprimé de tel, les manifestants dans le sang. La dernière remonte à la guerre civile de 1979, n'a pas été confronté à une répression sans pareil. Les manifestants non-armés et les forces de l'ordre ont eu une confrontation. Les armes sont utilisées contre les civiles. Le bilan est très lourd avec de nombreuses disparitions au Tchad: la répression du 20 octobre dans le sang.

A l'origine une promesse non tenue

La "promesse" non tenue d'un général, plonge le pays dans une répression sanglante et aveugle des forces de l'ordre. On vous raconte. Le jeudi 20 octobre marquait la fin de la période de transition de 18 mois promise par le conseil militaire de transition (CMT), dirigé par le Général Mahamat Idriss Deby Itno. Il a pris le pouvoir le 20 avril 2021 après le décès soudain du président Idriss Deby Itno (père), en fonction depuis une trentaine d’année. Les circonstances de la disparition du président IDI n'ont jusque-là pas été élucidées.

Le Général Mahamat Idriss Deby Itno, a déclaré : "le Cmt n'est pas là pour confisquer le pouvoir. La période de transition de 18 mois conclura par la remise du pouvoir à un gouvernement civil après les élections libres et démocratiques".

Alors que le président Idriss Deby Itno, selon la version officielle, est mort de suite de ses blessures lors de violents combats opposant les forces loyalistes aux rebelles du Front pour l'alternance et la concorde (FACT) le 19 avril 2021 dans le Kanem, à environ 300 kilomètres au nord-ouest de la capitale tchadienne, N'Djaména.

 


Le Général Mahamat Idriss Deby Itno, Président de Transition du Tchad
Le Général Mahamat Idriss Deby Itno, Président de Transition du Tchad

Dix-huit mois passés, il n'y a pas eu d'élections ni de remise de pouvoir aux civils, malgré le dialogue national inclusif, mais les principaux dirigeants de l'opposition n'ont pas participé, dont le leader des transformateurs qui trouvé que le dialogue ne réunissait pas toutes les conditions d'un véritable dialogue. Ce qui a permis au général Mahamat Idriss Déby de rester au pouvoir. Le 20 octobre, ces partis dont les transformateurs, ont appelé à des manifestations pacifiques pour protester contre la prise du pouvoir et contre un projet de succession dynastique soutenu plus ou moins ouvertement par Paris.

Que 'est-il réellement passé le jeudi noir du 20 octobre

Ce jour, les rues de N'Djaména, Moundou, Doba, Bongor dans le sud du pays, Abéché étaient remplies d'un spectacle insupportable avec des cadavres recouverts du drapeau tchadien, des blessés en agonie, des véhicules aux vitres tintées endommagés ou incendiées, des pneus en flamme dégageant de fortes fumées, des pleurs et des crépitements de balles. Jamais auparavant, le Tchad n'a connu une telle violence contre des civils non armés.


Les victimes de la répression du 20 octobre embarquées sur un chariot
Les victimes de la répression du 20 octobre

D'abord. Au petit matin, les manifestants se mobilisent dans les rues pour exprimer leur mécontentement et demander aux généraux au pouvoir de respecter leur engagement en renonçant au pouvoir et en le laissant aux civiles.  C'est une manifestation pacifique. Vers 6 heures du matin, la police anti-émeute est intervenue pour disperser les manifestants en utilisant de lacrymogènes par endroit. Très vite, la police anti-émeute manque de lacrymogènes. Selon un officier superieur de l'armée de terre qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, les éléments de l'armée déguisés en civils tirent à balle réelle et font de nombreux morts, blessés, ainsi que de nombreuses arrestations.

L'un des principaux opposants du parti Transformateurs, le Dr Succès Masra, dont le discours est basé sur des propositions réels pour aider à sortir le pays du sous-développement, a informé le monde entier en temps réel de ce qui se passe dans le pays. Non à la confiscation du pouvoir ! On peut lire sur des affiches que "Vous avez promis dix-huit mois, dix-huit mois, c'est aujourd'hui ou jamais". Au début de l'après-midi, il y a une certaine tranquillité. Dans les rues de la capitale et dans de nombreuses villes du Tchad, l'opposition et la société société civile parlent d'un véritable carnage préparé avec minutie.


Dr Succès Masra, président des Transformateurs devant ses partisans
L'opposant Dr Succès Masra, président des Transformateurs

Le bilan est très lourd, plusieurs partis politiques sont suspendus

M. Saleh Kebzabo, alors premier ministre du gouvernement de transition, déclare que la situation était sous contrôle. Mais le décompte fait plus de 50 morts et 300 blessés. N'Djaména soupçonne, les manifestants d'un coup d'Etat. Les partis politiques interdites pendant une période de trois mois. Selon les partis d'opposition, il y'aurait environ 150 morts, 500 blessés et plus de 1.200 arrestations. Oredjé Narcisse, qui travaillait comme journaliste à la radio pour le Centre d'études et de formation pour le développement (CEFOD), a été tué devant sa maison par balle.


M. Saleh Kebzabo, Premier ministre de transition
M. Saleh Kebzabo, Premier ministre de transition

Un couvre-feu est instauré à l’immédiat. Et a permis à l'armée d'enlever nuitamment des citoyens, dont nombreux d’entre eux ne reviendrons plus jamais.

Le principal allié du Tchad, la France, a condamné les violences par un communiqué de presse et avait alors qu'elle avait le pouvoir d'arrêter les massacres, mais, selon un expert membre du mouvement patriotique du Salut le Mps, le parti au pouvoir, "la France s’est vengée des tchadiens. puisque peu de temps avant, il y avait de manifestants qui accusaient la France d'être aux manettes pour imposer le fils de la famille Idriss Deby Itno au pouvoir depuis plus de 30 ans".

Service Ngardjelay, un autre journaliste introuvable

Des soldats et des hommes armés en civil ont fait irruption dans des maisons pendant la nuit du 20 octobre et ont enlevé des personnes vers une destination inconnue. M. Service Ngardjelay, journaliste et directeur de la Webradio panafricaine, a été capturé cette nuit-là chez lui. Le neveu du journaliste, nommé Sandji B,un nom d’emprunt pour de raison de sécurité, a déclaré « nous n'avons pas eu de nouvelles du journaliste. Toutes nos recherches ont échoué dans presque tous les commissariats.


M. Service Ngardjelay, le journaliste introuvable
M. Service Ngardjelay, le journaliste introuvable

Le journaliste aurait été appréhendé en raison de l'accusation portée contre son frère d'être un membre des Transformateurs. Le frère a été recherché par les soldats au bureau de (Tigo millicom), les hommes armés ont récupéré son contrat et ont suspendu son salaire. A expliqué, un de ses proches, qui s’est déclaré être son oncle.

Les tentatives menées auprès du ministre de la Défense Daoud Yaya Braihim et les autorités administratives pour obtenir leur avis sur la disparition du journaliste ont été vaines.

Apparition des corps sans vie

Des jours se succèdent, des enlèvements se multiplient et des corps sans vie sont retrouvés dans les rues et les rivières. Quatre corps ont été découverts, deux d'entre eux ont été découverts à Moundou dans le sud du Tchad. Il s'agit de Dionio Déoupal, qui a été découvert en putréfaction le 16 novembre 2022.

Maître Salomon Nodjitoloum, président de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, a condamné ces exécutions comme étant des exécutions extrajudiciaires. Il a conclu que l'arrestation et l'exécution des jeunes constituent une grave violation des droits de l'homme.

M. Mahamat Ahmat Al-habo, ministre de la justice, a déclaré : « S'il y a des preuves, des identités et des lieux identifiés pour lesquels des plaintes sont déposées, la justice s'en occupera ».

Le président du Rassemblement pour la justice et l'égalité au Tchad, Ordjei Abdelkerim, qui est également membre de la commission d'écoute de la société civile, a comparé la répression à un « génocide ». Il a affirmé que le gouvernement hésite à divulguer des chiffres précis.

Celui-ci a déclaré que 621 personnes avaient été arrêtées puis transférées à la prison de haute sécurité de Koro-Toro, dans le nord du Tchad, où les audiences foraines ont commencé le 28 novembre. Des centaines de familles sont sans nouvelles de leurs proches. Les Nations unies ont demandé une enquête sur la répression de leur côté.

La CPI est saisie.

L'opposant Dr Succès Masra, a saisi la Cour pénale Internationale à travers ses avocats, le 9 novembre en raison de soupçons de crimes contre l'humanité au Tchad, le président de transition, le général Mahamat Idris Deby Itno, qui aurait ordonné le massacre des civils par la garde présidentielle et Ahmat Dary, responsable du renseignement, sont parmi les personnalités visées.


Rédaction

 

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